En Guyane, Préfet et Collectivité Territoriale de Guyane sont entrés dans une joute épistolaire au sujet de la hausse du prix des carburants qui risque de se renouveler car l’augmentation du prix à la pompe n’est pas prêt de cesser.

On le savait dès Octobre 2018 quand les mouvements sociaux ont bloqué momentanément la grimpette : abandonner momentanément c’est voir une augmentation plus lourde à terme et comme le précise le préfet Patrice Faure «Ces fluctuations ne sont pas déterminées par l’administration, elles sont le fruit des variations du marché pétrolier au niveau mondial et la combinaison de plusieurs facteurs parmi lesquels la parité Euro / dollar. Cette hausse n’est donc en aucun cas une ‘hausse unilatérale décidée par les services de l’Etat’, mais la seule conséquence de la conjoncture mondiale.»

Effectivement, il n’y a pas qu’un problème de taxe, il y a avant tout un problème de dépendance à l’énergie fossile du pétrole passant de 50 dollars en décembre 2018 à 72 dollars fin avril 2019 Depuis le début de l’année, un contexte tendu et un euro faible ont largement renchéri les cours du baril de brut. Cette augmentation est due à plusieurs facteurs géopolitiques : la position de Trump face à l’Iran, la crise qui touche très durement le Venezuela, l’augmentation insuffisante de la production américaine… Même si en France notre demande est stagnante ( elle a même diminué avec les efforts dus aux accords de Paris) , la demande mondiale est croissante avec le développement économique de la Chine et de l’Inde. Bref, on n’a pas fini de payer plus cher son carburant.

Pourrait on se passer de cette taxe qui est en fait la taxe carbone ?

D’abord, elle est instituée depuis plus de 20 ans et représente une part importante des ressources de l’état et donc des redistributions. En 2002 le gouvernement Jospin l’a transformée en taxe flottante. Ce fût une catastrophe qui coûta à l’état 2,7 Millarsds d’euros, et se traduisit par seulement – 2 centimes à la pompe. A son arrivée, la droite abandonne cette taxe flottante Il faut travailler dans le long terme. Depuis 2013 le décret dit décret Lurel « fait obligation aux Préfets de ces trois départements (Martinique, Guadeloupe, Guyane) de fixer les prix maxima des produits pétroliers en fonction des coûts supportés par les entreprises (achats, marges et coûts fixes) ainsi que des taxes fixées et perçues intégralement par les collectivités territoriales concernées..» Cette réponse du Préfet à la CTG fait réagir Joëlle Prevot-Madère, conseillère municipale, présidente de la CGPME et membre du CESE . Selon elle, la Guyane pourrait échapper à une petite hausse si elle disposait de ses propres capacités de raffinage, ne tenait pas compte des décisions de Bercy en 2008 qui oblige la Guyane à passer sous les fourches caudines de la SARA seule raffinerie (de petite taille et aux bénéfices conséquents) en Martinique qui impose dix centimes supplémentaires. « Nous sommes dans une situation de monopole pourtant interdite et qui va changer (…) Nous devons sortir du raffinage SARA » Un approvisionnement en direct pourrait selon elle faire baisser les coûts de 10 à 20 cts.

Aller plus vite dans la sortie du pétrole et comment ?

Jusqu’à une réelle sortie du pétrole le prix ne cessera d’augmenter, d’autant que la France s’inscrit dans une volonté de sortie des énergies fossiles et investit pour cela dans les voitures électriques qui rencontrent deux problèmes momentanés : l’installation des bornes de recharge et le coût des batteries. Pour sauver l’industrie automobile menacée, France et EU viennent de signer un accord style « airbus » pour fabriquer des batteries meilleur marché et contrecarrer le monopole chinois, et avec le renouvelable, le carburant sera quasi gratuit.

En attendant, l’Etat a préparé le terrain avec des primes et des compensations. En attendant c’est aux collectivités territoriales de gérer ces questions c’est d’ailleurs ce que demande le préfet au président Rodophe Alexandre. «Par contre, je vous précise que la fiscalité des produits pétroliers outre-mer, taxe spéciale sur les carburants (TSC) perçue par les collectivités, vous laisse la possibilité d’en baisser le taux afin de réduire, pour le consommateur, l’impact de l’évolution à la hausse du cours du pétrole.»


Dominique Martin-Ferrari, Métamorphose Outremers