𝑳𝒂 𝑷𝒓é𝒔𝒊𝒅𝒆𝒏𝒕𝒆 𝒅𝒆 𝑴𝒂𝒐𝒓é 𝑺𝒐𝒍𝒊𝒅𝒂𝒊𝒓𝒆, 𝑨𝒏𝒄𝒉𝒚𝒂 𝑩𝑨𝑴𝑨𝑵𝑨, 𝒂𝒅𝒓𝒆𝒔𝒔𝒆 𝒖𝒏 𝒄𝒐𝒖𝒓𝒓𝒊𝒆𝒓 à Madame Marie GUEVENOUX, Ministre déléguée aux Outre-Mer en rappelant le rapport intitulé « Mission inter-inspections Evaluation de la prise en charge des mineurs à Mayotte ».

Madame la Ministre,

Très chère Marie GUEVENOUX,

Nous nous réjouissons de votre nomination en qualité de ministre déléguée aux Outre-Mer. Aussi, permettez-nous dans un premier temps de vous féliciter et vous souhaiter la bienvenue à Mayotte, territoire d’accueil, viscéralement attaché à la France, sous l’impulsion des femmes mahoraises comme vous l’avez constaté lorsque vous êtes venue à leur rencontre le 11 février dernier.

Le 27 février 2023, il y a juste un an, nous adressions le courrier ci-joint à Monsieur le Ministre Gérald DARMANIN. Nous vous prions d’en prendre connaissance. Nous croyons,en effet,en sa volonté d’impulser une nouvelle dynamique pour créer les conditions d’un développement de Mayotte conforme aux standards des collectivités françaises de droit commun. Très marqués par les crises successives, les mahorais attendent des actes et des résultats prioritairement dans la lutte contre l’insécurité, l’immigration illégale et toutes les menaces auxquelles le territoire est confronté ainsi que l’égalité républicaine.

Dans cette perspective, les mahorais ont accueilli avec un grand espoir l’opération « Wuambuchu » convaincus de la volonté politique ferme de l’Etat d’intensifier la lutte contre l’immigration illégale, condition pour dissuader les arrivées de kwassas-kwassas, de désengorgement du territoire et d’amélioration de la sécurité des Mahorais.

Force est de constater qu’un an plus tard, les mahorais revivent une nième crise sociale en 2024 pour des questions liées à l’insécurité et aux conséquences de l’immigration illégale sur notre département.

Dans le prolongement de vos échanges avec les élus et les forces vives à Mayotte et à Paris, nous pensons devoir appeler votre attention sur la question majeure et préoccupante de la gestion de nombreux mineurs isolés présents sur le territoire. Ce sujet a fait l’objet d’un rapport complet datant de janvier 2022, rapport intitulé « Mission inter-inspections Evaluation de la prise en charge des mineurs à Mayotte ». Cette étude évalue « à plus de 6 600 mineurs en risque majeur de désocialisation, faute de prise en charge familiale et institutionnelle », et de conclure que « Malgré la création de dispositifs ad hoc, la prise en charge d’un nombre important de mineurs non accompagnés demeure très difficile en l’absence d’intégration de Mayotte au mécanisme de régulation nationale ».

Nous appelons en effet à déployer la solidarité nationale en vue de permettre à ces enfants d’accéder à de meilleures conditions de vie dans des départements disposant des moyens de les soigner, les éduquer et les protéger des méfaits de l’oisiveté et de la pauvreté dans lesquels ils vivent dans les bidonvilles de Mayotte.

Nous pensons, Madame la ministre, qu’au-delà des questions liées à l’acquisition de la nationalité française pour ces jeunes nés sur le territoire, évoquées dans ce rapport et lors de votre dernière visite à Mayotte, nous vous demandons d’attacher la plus grande importance au traitement de ce sujet aux conséquences difficiles pour Mayotte.

Il en est de même pour les jeunes dits « ni ni » (ni régularisables ni expulsables) qui, à notre sens, doivent être évalués en vue de trouver une solution concertéeles concernant avec les élus du territoire. En effet, d’un côté l’Etat contraint les maires à scolariser les enfants arrivés illégalement sur le territoire (mesure de droit commun), de l’autre ces jeunes devenus adultes sont contraints de rester sur place après leur baccalauréat (mesure dérogatoire). Ces incohérences n’ont que trop durer !

Nous vous remercions par avance, Madame la Ministre, de l’inscription de ces questions sur les points majeurs à traiter dans le cadre des travaux en cours sur le Projet de loi Mayotte.

Maoré Solidaire prendra toute sa part dans les réflexions menées chaque fois qu’il sera sollicité.

Nous vous remercions, Madame la Ministre, de votre engagement pour Mayotte.

 Anchya BAMANA, Ancienne Maire de Sada, Présidente de Maore Solidaire.